Zakaria Bouchra, 41 ans, est issu d’une reconversion professionnelle. Anciennement assistant manager en restauration mais aussi distributeur de journaux, il exerce aujourd’hui en tant qu’orthopédiste entre Marseille et Aix-en-Provence. Zakaria nous raconte comment il y est arrivé en nous partageant son histoire.
Découvrez le portrait de Zakaria, lauréat du trophée « J’ai changé de métier » en région PACA et finaliste TOP 3 pour le trophée national.
Quel métier occupiez-vous avant de vous lancer dans cette reconversion professionnelle ?
« J’ai exercé deux CDI pendant plus de 12 ans. D’un côté, j’étais assistant manager en restauration chez Auto-Grill en 35H. De l’autre, j’étais distributeur de journaux chez Mediapost.
Le rythme était très intense. Je démarrais parfois mes journées à 6h du matin et les terminais parfois après le service du soir à 22h. Dans la restauration les horaires étaient complexes. Je devais donc adapter mon deuxième emploi à ce planning. Cela n’a pas toujours était simple à gérer. »
Pourquoi avoir décidé de quitter ce métier ?
« J’ai toujours été très actif et volontaire. Malgré mes motivations, j’ai dû arrêter mes études plus tôt par manque de financement. J’ai donc commencé à économiser dans l’idée de reprendre mes études les années suivantes pendant que j’enchainais les petits boulots. Mais le quotidien m’a rattrapé et les années sont passées. Le métier que j’exerçais en restauration me demandait à la fois d’être un employé polyvalent tout en étant sur un poste à responsabilités. J’étais ambitieux et j’avais envie d’évoluer pour devenir manager. J’ai donc posé le pour et le contre mais il y avait peu de changement sur le salaire et c’était un métier épuisant, exigeant avec un rythme particulier : finir tard le soir, commencer tôt le matin, ne pas avoir de week-end, travailler les jours fériés… J’ai donc réfléchi à comment me réorienter et je me suis demandé quel métier exercer. »
Quelles démarches avez-vous faites ?
« En 2011, j’ai mené des recherches sur internet et j’ai trouvé le Fongecif, aujourd’hui Transitions Pro PACA. J’ai pris rendez-vous avec un Conseiller en Evolution Professionnelle qui m’a expliqué les étapes à suivre. J’ai participé à un atelier sur la reconversion professionnelle pour m’informer des possibilités de financement qui s’offraient à moi. Mais mon projet n’était pas encore construit. J’ai mené des réflexions personnelles et je me suis concentré sur ma vie de famille, mettant de côté mon projet professionnel : stabilité personnelle, mariage, premier enfant…
C’est quelques années après que j’ai retapé à la porte du Fongecif avec une priorité : trouver un nouveau chemin et sortir de cet épuisement quotidien. J’ai eu plusieurs rendez-vous avec le CEP et j’ai réalisé un bilan de compétences. Mon projet avait muri. Le conseiller m’a aidé à lister les métiers qui pouvaient me correspondre et ce vers quoi je pouvais me diriger en fonction de mon diplôme, mes compétences, mes envies. Parmi les métiers, deux sont ressortis : opticien et orthopédiste. »
Comment avez-vous choisi votre métier ?
« Issu d’une famille qui travaille dans le milieu de la santé, j’ai décidé de réaliser plusieurs stages d’immersion sur mon temps personnel afin de conforter mon choix de métier : un chez un orthopédiste et l’autre chez un prothésiste. Sans aucun doute j’ai su que je voulais exercer en tant qu’orthopédiste. J’ai beaucoup réfléchi et je peux dire que cela m’a pris des années. Je voulais être certain que mon projet était murement réfléchi et préparé.
J’ai ensuite comparé les organismes de formation : enquête auprès d’étudiants, journées portes ouvertes, et j’ai fini par trouver une école où travaillait un accompagnant spécialiste de la reconversion. Quelques semaines plus tard, nous étions confrontés au COVID et confinés. J’ai donc pris le temps pour compléter mon dossier et cela m’a permis d’accélérer mes démarches. Quelques semaines plus tard, mon dossier était accepté en commission. Transitions Pro finançait ma formation tout en maintenant mon salaire ! Quel soulagement après tout cet investissement. Je suis donc parti en formation à Mazamet, à plus de 300km de chez moi. J’ai loué un appartement en résidence étudiante et je rentrais chaque trimestre pour voir ma famille. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour me concentrer sur mes révisions mais c’était pour une bonne finalité. »
Avez-vous eu des craintes, des moments de doute par rapport à cette reconversion ?
« Mon projet de reconversion était bien construit mais j’avais cette crainte financière de ne pas pouvoir aller au bout. Sans le financement de Transitions Pro, c’est certain j’aurai dû faire des sacrifices, vendre ma voiture par exemple. Je pense même que cela aurait été impossible de vivre plusieurs mois sans salaire. »
Comment s’est passé votre départ de l’entreprise ?
« On peut dire que j’ai toujours été un employé exemplaire. Je n’ai jamais été absent de mon poste de travail. Mon employeur m’a soutenu dans mes démarches et a cru en moi. Dès que formation s’est terminée, je suis retournée sur mon poste de travail. J’ai commencé à envoyer des CV pour trouver un CDI. J’ai passé un entretien à Aubagne, dans une petite structure familiale. La responsable, gérante, issue elle-même d’une reconversion professionnelle m’a laissé ma chance et m’a recruté sur le poste. »
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
« Je suis épanoui. J’ai retrouvé un équilibre de vie familiale. Mes matinées sont libres et me donnent du temps pour amener ma fille à l’école. Je prépare les commandes et commence ma tournée dans les structures médicales. Je suis beaucoup moins stressé, moins surmené et je partage tous les moments importants avec ma famille : repas du soir, week-end… Je suis très fier de ma réussite. »
Que diriez-vous aux personnes qui aimeraient se reconvertir mais qui n’osent pas franchir le pas ?
« Il faut prendre le temps de bien construire son projet et être bien entouré. La famille joue un rôle important dans ces moments parfois complexes. Cela demande de la réflexion. Je recommande à tous ceux qui souhaitent se reconvertir de se faire accompagner par des professionnels, experts du terrain, comme je l’ai fait avec le CEP et Transitions Pro. Si on veut faire bouger les choses, il faut se lancer et Transitions Pro m’en a donné les moyens ! »
La responsable de Zakaria, Madame MERCEY nous répond !
Pourquoi lui avoir accordé la chance d’intégrer votre équipe ?
« Il faut savoir que je suis également issue d’une reconversion. J’ai obtenu un BAC ST2S (Sciences et techniques sanitaires et sociales) et j’ai ensuite travaillé dans le commerce.
Quelques années plus tard, j’ai eu la possibilité de reprendre une entreprise pour être gérante et devenir orthopédiste. J’ai donc fait les démarches pour me reconvertir et je suis passée par le Fongecif.
Quand j’ai reçu Zakaria en entretien, son parcours ne m’a pas étonnée car on avait suivi le même chemin de reconversion. Il a été formé par mon prédécesseur et j’ai senti qu’il pouvait s’adapter à notre structure et être autonome.
De plus, je recherchais un profil plutôt masculin pour répondre aux besoins des structures médicales qui recherchent parfois des hommes, parfois des femmes pour s’adapter à leur patients.
De part ses précédentes expériences, j’ai su que Zakaria serait quelqu’un de fiable ! »